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Il teatro del mondo

Davide Battistin
18 mai 2022 – 28 juil. 2022

Les peintures de Davide Battistin décrivent une Venise inhabitée, plongée dans des lumières surréalistes, aussi improbables que parfaitement présentes dans l'inconscient de ceux qui connaissent les atmosphères surprenantes dans lesquelles les Vénitiens mènent leur vie.

il teatro del mondo Davide Battistin

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Venise, théâtre du monde. Venise est la ville des scènes, des théâtres permanents et éphémères, comme ceux, parfois très élaborés, que les Vénitiens construisaient dans l'Antiquité pour les principales festivités.

Le Teatro del Mondo d'Aldo Rossi, dernier théâtre éphémère, inauguré lors de la Biennale de 1980, célébrait la relation de la ville avec le théâtre et ses théâtres, mais aussi la vocation de Venise à être elle-même un théâtre.

Les peintures de Davide Battistin dépeignent une Venise inhabitée, plongée dans des lumières surréalistes, aussi improbables que parfaitement présentes dans l'inconscient de ceux qui connaissent les atmosphères surprenantes dans lesquelles les Vénitiens mènent leur vie. Battistin libère la ville des excès qui la caractérisent, focalisant avec force notre attention sur l'essence de son hors-norme.

Avec cette nouvelle série de peintures grand format, l'artiste retrace les thèmes qui lui sont chers, imposant au spectateur la beauté iconique des vues caractéristiques de sa production. La représentation de la Piazzetta vers l'île de San Giorgio, avec les lumières de l'aube filtrant à travers les portiques du Palazzo Ducale, devient dans l'esprit du peintre une métaphore d'une scène extraordinaire pour l'humanité. Un lieu frontière, suspendu entre réalité et fiction dans lequel les événements humains, les grandes illusions, les entreprises magnifiques et les foules du tourisme incontrôlé semblent se transformer en grotesques pantomimes. Venise est là, un lieu hors du temps et de l'espace, magnifique héritage de l'une des plus grandes civilisations de l'histoire humaine. Ses pierres, ses espaces métaphysiques apparaissent parfois comme des infrastructures maintenues en vie uniquement pour que la mise en scène puisse continuer.

La grande vue de Torcello explore encore plus profondément nos consciences, éveillant la mémoire des origines antiques de notre civilisation, une époque où la dignité et l'assiduité garantissaient l'espoir pour l'avenir.

Venise et sa lagune comme Théâtre du Monde, célébration du narcissisme collectif en milliards de selfies jetés en pâture médiatique.

Battistin semble vouloir rappeler à toute l'humanité que ce Théâtre a été construit par des hommes, que cette beauté est le fruit du travail et du génie visionnaire d'un peuple. Un peuple disparu et pour cela qui n'est plus le protagoniste de ses peintures, comme c'était plutôt le cas dans les vues de Canaletto et Guardi.

Pourtant, ni tristesse ni pessimisme ne transpirent des tableaux de Battistin : la beauté enchante le spectateur qui, plein d'admiration, ne peut que se réjouir de réaliser que Venise appartient au monde. Ses Venises désertes sont des représentations d'un espace qui ne rejette ni n'effraie, produisant au contraire une attraction magnétique, inoculant un désir invincible d'entrer dans ce monde de beauté et de ne jamais le quitter, recevant protection et bonheur. Les habitants de Venise deviennent alors toute l'humanité, ou du moins cette partie de l'humanité qui croit en la beauté comme seul espoir d'une vie meilleure.